Caran d'Ache (Emmanuel Poiré (1858-1909), dit)
Il naît en 1858 à Moscou, sous le nom d’Emmanuel Poiré. Après une enfance russe passé dans le culte d’un grand-père ayant fait la campagne de Russie dans les troupes de Napoléon, il vient à Paris en 1877, pour prendre la nationalité française et faire son service militaire. Ses premiers dessins paraissent en 1880 dans La Chronique parisienne. La rencontre du peintre Edouard Detaille un an plus tard sera déterminante pour la suite de sa carrière. Il trouve alors son style, son pseudonyme (karandach signifie « crayon » en russe) et parvient à placer ses dessins dans quelques titres prestigieux. Graphiste virtuose usant d’un trait souple, il oscille entre la caricature et le dessin documentaire. Sa maîtrise du trait de contour en fait un remarquable précurseur de tout le dessin de presse des années 30. Dans le champ de la bande dessinée, on peut voir en lui l’inspirateur de Benjamin Rabier (qu’il encouragea au début de sa carrière) et au XXe siècle, de Tardi, voire même des maîtres anglais et américain Bateman et Kurtzman.
D’abord spécialisé dans le dessin militaire, il introduit en France les Histoires sans légendes, séquences entièrement muettes qui remportent un vif succès. Sa production sera dès lors énorme et protéiforme. Collaborateur assidu du cabaret du Chat Noir à partir de 1883, il y projette une suite d’« ombres néo-chinoises » qui relate les campagnes napoléoniennes. Le succès est considérable, et lui ouvre les portes du Tout-Paris. Ses dessins paraissent en recueil (dont les célèbres Albums Caran d’Ache chez Plon en 1889 et le Carnet de chèques en 1892), ses collaborations se multiplient. Il propose en 1894 au Figaro un « roman dessiné » de 360 pages, qui ne paraîtra jamais, mais dont le musée de la Cité a acquis en 1998 les planches originales retrouvées de cette histoire, éditées l’année suivante en un recueil intitulé Maestro (voir l'article consacré à Maestro sur neuviéme art2.0). En 1895 débuteront dans le quotidien les fameux Lundis de Caran d’Ache.
En 1898, antidreyfusard ulcéré qu’on puisse mettre en cause l’honneur de l’armée française, il lance avec Forain le journal Psst…! qui connaîtra 85 numéros. C’est à la même époque qu’il dessine le célèbre Dîner en famille, qui brocarde les violentes passions que suscite la fameuse affaire Dreyfus.
En 1902, le numéro de L’Assiette au beurre qu’il réalise seul sur le thème de la Légion d’honneur le voit expérimenter la technique de la gravure sur bois. Tout en continuant à collaborer pour le Figaro, il délaisse progressivement le dessin de presse pour se lancer dans la conception de jouets en bois. Atteint de neurasthénie, il meurt en 1909, à l’âge de 50 ans.
Son nom de plume sera repris en 1924 par une société suisse fabriquant des crayons. La signature de l’artiste est encore aujourd’hui le logo de la firme.
Ce projet de numérisation concerne l’intégralité des collections, conservées à la Cité, dont Caran d’Ache est l’auteur. Ce fonds est composé de différents types de documents : originaux, périodiques et albums. Tout d’abord les dessins et planches originales qui sont au nombre d’environ 120 (dessins de presse, images populaires, dessins d’un manuscrit de bande dessinée muette intitulée Maestro) ; la deuxième partie étant constituée de documents imprimés patrimoniaux de natures diverses : albums reprenant des dessins de Caran d’Ache (Gros et détails, Bric à Brac, etc.), l’intégralité des numéros de la revue Psst…!, le numéro de la revue L’Assiette au Beurre illustré par Caran d’Ache, etc. Seule cette seconde partie est actuellement disponible en ligne, mais l’ensemble de ces documents donnent ainsi une vision assez complète de l’œuvre de ce dessinateur talentueux.
Ces collections numériques peuvent être complétées par d’autres collections numérisées notamment celles de la BnF, consultables sur Gallica ou celles de la bibliothèque interuniversitaire de santé (BIU Santé). En voici une sélection :
Estampes, images fixes
Le Journal publie le Cruel Vatenguerre roman par Emile Bergerat, illustré par Caran d'Ache / [Caran d'Ache]. Éditeur : [impr. Paul Dupont] ([Paris]), 1897.
Exposition russe. Champ de Mars / [Caran d'Ache]. Éditeur : [impr. Hérold] ([Paris]), 1895.
102 Bd de Sébastopol. Chemiserie spéciale (Arts et Métiers) / [Caran d'Ache]. Éditeur : [impr. H. Sicard] ([Paris]), 1886.
Série aux armes d'Epinal. N° 101, Le billet de logement / Caran d'Ache. Éditeur : Imagerie Pellerin fondée en 1796 [Epinal, 1893].
Série aux armes d'Epinal. N° 108, Histoires & scènes humoristiques, contes moraux, merveilleux. Un miracle ! / Caran d'Ache. Éditeur : Imagerie Pellerin fondée en 1796 [Epinal, 1892].
Série aux armes d'Epinal. N° 109, Histoires & scènes humoristiques, contes moraux, merveilleux. Pourquoi Machin a été nommé caporal / Caran d'Ache. Éditeur : Imagerie Pellerin fondée en 1796 [Epinal, 1893].
Série aux armes d'Epinal. N° 140, Histoires & scènes humoristiques, contes moraux, merveilleux. Il était trois petits enfants : chansonnette naïvette sur l'air de "La légende de Saint Nicolas" / Caran d'Ache. Éditeur : Imagerie Pellerin, fondée en 1796 [Epinal, 1894].
Histoire populaire de madame sans-gêne. Image à l'instar d'Epinal / dessin de Caran d'Ache. Éditeur : "Le journal quotidien, littéraire, artistique et politique" (Paris), 1893.
Salon des humoristes organisé par le jounal "Le Rire",[...] du 25 mai au 30 juin 1907. Comité artistique, Fernand Bac, Cappiello, Caran d'Ache [...], Adolphe Willette. / Henri Goussé. Éditeur : P. Dupont (Paris), 1907.
Les Lions de M. Carnot / Caran d'Ache. Page de journal racontant une petite histoire en 12 scénettes : Les lions de M. Carnot.
Le vrai courage / Caran d'Ache.
Les rosseries de l'estomac / Caran d'Ache.
Un livre de médecine / Caran d'Ache.
Albums
Album Caran d'Ache. Vol. 3 / Caran d'Ache (1858-1909). - E. Plon (Paris), Nourrit (Paris), s.d.
Album Caran d'Ache. Vol. 1 / Caran d'Ache (1858-1909). - E. Plon (Paris), Nourrit (Paris), s.d.
Partition musicale
Mademoiselle Rosette : galopade pour piano / par P. Cressonnois (1849-1904). ; [ill. par] Caran d'Ache. -Veuve E. Girod (Paris), 1887.
Chaque lundi à partir du 2 décembre 1895 (N°336), Caran d’Ache publia un dessin dans Le Figaro, en page 3.